Elevage Cocker

L'affaire des chiots sans papier



  • Ces affaires auraient sans doute de quoi occuper quelques fins limiers. Leur cadre ? Des animaleries. Des acheteurs désirent un chien de race, ils cassent leurs tirelires, se prennent d'affection pour un chiot acheté à prix d'or que la maladie emporte en quelques jours...
     


Il semble qu'on les fasse voyager comme des passagers clandestins. Jusqu'en Alsace où ces chiots dépourvus de papiers sont vendus à un prix élevé comme de véritables chiens de race, avant de connaître de sérieux problèmes de santé.

 

 Scénario de fiction ? Non hélas. Bien sûr, un vendeur qui fait commerce d'êtres vivants peut essuyer un pépin, et même être poursuivi par la guigne : il arrive qu'un chiot, à peine vendu, soit terrassé par une maladie fulgurante et imprévisible. Fin 94, quand une première affaire est communiquée à la SPA de Strasbourg, c'est sans doute la réflexion que l'on se formule. Mais les semaines et les mois passent. En 1995 et 1996, des affaires similaires surviennent. Des doutes surgissent, des térnoignages discrets viennent les appuyer. Au début de cette année, la SPA de Strasbourg répertoriait près d'une dizaine de litiges qui lui ont été communiqués et qui présentent bien des points communs.


Papiers ?

  • Prenons par exemple la mésaventure de M. S. de Kaltenhouse. Peu avant Noël, il se rend dans un grand magasin d'animaux de la périphérie de Strasbourg, pour y acheter un chiot de race Golden Retriever qu'il compte offrir. Il fond devant la boule de poils que lui propose l'animalerie et il consent à une grosse dépense : un chiot de cette race se vend entre 4000 et 4500 Frs dans ce magasin. Peu pinailleur, il ne fait pas d'histoires lorsque le magasin néglige de lui fournir les documents qui doivent accompagner tout véritable chien de race. Le vendeur aurait dû lui donner le papier "LOF"*, c'est à dire le certificat de naissance du chiot (faisant mention de ses origines), avec la carte de tatouage obligatoire (l'équivalent d'une carte officielle d'immatriculation) et le certificat de vente (qui doit comporter la date de naissance, l'indication de la race et du sexe notamment). S'agit-il d'un oubli ? On note la même négligence dans toutes les autres affaires soumises à la SPA les animaleries ont omis de remettre le papier "LOF".
  • Il importe donc que l'acheteur potentiel réclame tous les documents avant de signer un gros chèque, et qu'il tourne les talons si on refuse de les lui fournir.


Préjudices

  • Si encore il ne s'agissait que d'une histoire de gros sous, d'une vulgaire arnaque... Mais on s'attache très vite à un petit être vivant. Or quand le chiot est pris de diarrhées et de vomissements trois jours après l'achat, on s'inquiète. Vite le vétérinaire intervient, M. S. règle sans sourciller une première facture de 300 F et le prix de la médication. Mais rien n'y fait, le jour de Noël, il faut rappeler le vétérinaire qui place le chiot en observation dans sa clinique, jusqu'à son décès le 26 décembre... L'animal mort fut remplacé avec une étonnante célérité par l'animalerie qui refusa pourtant de régler la note de 880 F de frais de clinique qui s'était ajoutée aux 300 F de la première visite. Et voilà l'autre point commun aux affaires mises entre les mains de la SPA par des acheteurs écoeurés. Les animaux vendus, à l'âge incertain, présentaient tous des problèmes de santé. Seule solution proposée par les animaleries concernées le remplacement par un autre chiot en un délai record. A croire qu'il y en a foule qui sont immédiatement disponibles. Quel mystère... Comment croire en effet qu'il puisse s'agir de véritable chiens de race, élevés dans les règles de l'art, avec les soins exigeants qu'ils requièrent et qui expliquent normalement leur prix élevé ? A la SPA, on aurait plutôt tendance à croire qu'il existe des filières, en France et à l'étranger, où l'on "fabrique du chien" à profusion. Des chiots écoulés à prix d'or : entre 3 000F et 6000F, selon la taille et la vogue que connaît la race présumée du petit chien. M.H.

Trafic ?

  • D'où viennent ces chiots, prétendus de race, et sans papiers ? De fermes d 'élevage du sud-ouest de la France, de Belgique et d'anciens pays de l'Est, de l'avis de responsables de la SPA, qui croient savoir que les chiots sont acheminés par camions, comme des colis. Une fois en magasin, une affiche donnant à penser que l'établissement est recommandé par la SPA peut s'avérer idéale pour endormir la méfiance de l'acheteur de l'un de ces chiots : une animalerie n'a pas craint d'utiliser ce procédé, jusqu'à ce que la SPA l'apprenne. Jamais, au grand jamais, elle ne se mêle de recommander un magasin d'animaux, une prétendue caution de la SPA est forcément suspecte ! cénario de fiction ? Non hélas. Bien sûr, un vendeur qui fait commerce d'êtres vivants peut essuyer un pépin, et même être poursuivi par la guigne : il arrive qu'un chiot, à peine vendu, soit terrassé par une maladie fulgurante et imprévisible. Fin 94, quand une première affaire est communiquée à la SPA de Strasbourg, c'est sans doute la réflexion que l'on se formule. Mais les semaines et les mois passent. En 1995 et 1996, des affaires similaires surviennent. Des doutes surgissent, des térnoignages discrets viennent les appuyer. Au début de cette année, la SPA de Strasbourg répertoriait près d'une dizaine de litiges qui lui ont été communiqués et qui présentent bien des points communs.

*LOF : Livre des origines françaises. Les chiens de race y sont répertoriés.


 N° 115 Juillet - Août 1997